Six agilistes et un éléphant 🐘 …
Pour moi, le code et la tech, c’est à l’image de cette vieille fable des six sages aveugles qui voulurent un jour découvrir un même animal mystérieux, l’éléphant, mais en eurent six perceptions différentes, ayant à tâtons saisi une partie différente de la bête : qui son oreille, qui sa queue, qui sa trompe… ce qui déclencha un débat sans fin. Des personnes également brillantes peuvent avoir, du fait de leurs perspectives différentes sur un même sujet, des opinions très différentes, parce que notre perception à toutes et tous est limitée, et que nous ne sommes en prise qu’avec un petit bout de l’énorme éléphant qu’est le monde numérique.
Les coachs que j’apprécie, loin d’asséner des vérités universelles, ont conscience de ces limites de leur perception. Ce qui les distingue, c’est un engagement sans faille à expérimenter, pratiquer, découvrir des choses… essuyer des échecs ou prendre des voies sans issues, repartir de l’avant, voir qu’au bout d’un moment une partie de l’éléphant nous semble pouvoir être décrite de façon cohérente, et donc on la décrit… c’est ce que fait Mike depuis 20 ans que je le connais (et il avait déjà de la bouteille à l’époque).
💡 Aborde-t-on vraiment les choses très différemment au bout de vingt ou trente ans de carrière ? Il y a probablement des réflexes primaires qu’on a progressivement abandonnés, mais aussi des choses qui nous semblaient triviales et qui nous sont au fil du temps apparues comme des éléments critiques de notre approche.
Question d’âge ? Non, de perspective…
📸 🎨 C’est comme en dessin ou en photo, l’importance relative des choses résulte de la perspective qu’on a adoptée. On voit des éléments de près et d’autres de loin selon l’endroit où on se place. C’est quelque chose qui se fait donc « avec les pieds », en se déplaçant. (Proverbe de photographe, « Une photo se compose avec les pieds, pas avec les mains », 👣 c’est à dire pas en jouant avec le zoom mais en faisant physiquement le tour du sujet, en l’explorant concrètement avec ses aspérités, ses parties plus ou moins apparentes et en faisant le choix d’exploiter ou non cet ensemble.)
Sa perspective actuelle, Mike lui a donné un nom, «change harvesting ». Elle me parle tout en me restant encore un peu mystérieuse, je vois des connexions entre ça et sa passion pour le jeu Oxygen Not Included, qui implique encore une découverte puis une exploitation d’un univers dans son ensemble avec ses qualités, ses défauts, et l’ingénierie à déployer pour créer un écosystème viable, vivant, maintenable.
Dans une série intitulée “Many More Much Smaller Steps”, Mike creuse avec minutie la distinction entre une « action » et une « étape » dans une stratégie technique (qui peut être un moyen de traiter la dette technique, de faire évoluer le produit ou un autre objectif de développement). Il nous met en garde contre la « Rework Avoidance Theory », l’idée séduisante mais fausse selon laquelle si on s’y prend bien, si on en sait assez, si on planifie suffisamment, on trouvera la bonne formule pour bien faire du premier coup et on pourra se dispenser d’apprendre ou d’itérer. Ce faisant, Mike reformule les bases des démarches Agiles en les débarrassant du jargon qui s’est substitué à la pensée.
En somme, ce qui m’enrichit et m’inspire chez mes collègues coachs techniques, les cadeaux 🎁 qu’ils posent sous mon sapin🎄, ce sont ces invitations à adopter, même pour un temps, une nouvelle perspective, concrètement, physiquement, “avec les pieds”👣. C’est aussi ce que j’essaie de faire avec mes collègues, et que je serai ravi de faire… avec vous peut-être 😊?